L'Amérique qu'on aime
Elle est évidemment anti-Bush. Et même violemment. Mais elle est créatrice, généreuse, innovante. A l’origine des ONG les plus contestataires. A l’avant-garde de la littérature et de l’art. A la pointe des techniques mais aussi des idées. Certes, à un an de l’élection présidentielle, jamais cette Amérique n’a été aussi éloignée du pouvoir. Mais l’enquête de notre correspondant Philippe Boulet-Gercourt, de notre envoyé spécial Jean-Gabriel Fredet ainsi que des différents services du «Nouvel Observateur» montre à quel point elle n’a pas disparu. A quel point elle fourbit ses arguments contre l’Amérique néoconservatrice de George W. Bush. Voici l’histoire de cet affrontement – un des plus forts qu’aient sans doute connus les Etats-Unis. Voici aussi, à travers ses principaux porte-drapeaux, la carte de cette «autre Amérique». Avec ses néopopulistes et ses radicaux, ses dissidents et ses moralistes, ses alternatifs et ses artistes, qui n’ont jamais été aussi créatifs que dans le refus de l’ordre établi
De notre correspondant aux Etats-Unis
On me demande de vous parler de l’Amérique qu’on aime. Normal. Cela fait huit ans que je la sillonne pour «le Nouvel Obs». L’Amérique qu’on aime, j’y habite, elle s’appelle New York. New York la mosaïque, la tolérante, la démocrate. Je l’ai même épousée, mes enfants y sont nés. Bref, j’ai un pied de chaque côté de l’Atlantique. L’Amérique qu’on aime, je pourrais vous en parler comme, en France, on vous a trop souvent parlé de la guerre d’Irak. Vous savez, les gros titres du journal télévisé: le «camp de la guerre» contre le «camp de la paix». Je pourrais singer l’exercice favori de George Bush: une vision du monde en black and white. Pas de demi-teintes. Les bons contre les méchants. Les bœufs contre les intellos. Je pourrais vous dire qu’il reste une «bonne» Amérique, et qu’elle nous ressemble: civilisée, modeste, généreuse, solidaire. En un mot, trempée aux valeurs de la vieille Europe. Je n’exagère pas: une amie française énarque demandait récemment s’il existait encore des gens intelligents dans ce troupeau de yankees, «dont le QI semble inversement proportionnel au tour de taille».
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http://www.nouvelobs.com/dossiers/p2046/a231125.html